• LE PAPE, LA FRANCE ET LE PRESERVATIF

    Il y a quelques semaines, dans un livre d'entretien intitulé "Lumière du monde", le Pape Benoît XVI a évoqué la question du préservatif en disant que son utilisation pouvait se concevoir dans le cas d'un homme prostitué qui était infecté par le virus du Sida.

      

    Je ne crois pas trahir l'esprit de la France en disant que, dans notre pays, ces lignes ont été accueillies avec une très grande joie par de très nombreux catholiques.

    En effet, on a entendu un très grand nombre d'entre eux dire des choses dans le style : "Je me réjouis de ces propos", "Je suis heureux que l'Eglise ose enfin vivre avec son temps", "Ces paroles sont de nature à renforcer les liens avec les jeunes"...

        

    Oui, en France, nous avons pris les propos du Pape comme une très bonne nouvelle; un peu comme si l'Eglise brisait enfin un tabou et s'ouvrait au préservatif, comme si elle avait enfin compris ce qu'était la sexualité, comme si un vent de liberté et de bon sens s'était enfin levé sur le monde...

        

    Comme nous le savons, l'encyclique "Humanae vitae" (qui a été écrite par le Pape Paul VI en 1968) est le texte de référence pour tous les catholiques en matière de sexualité.

    C'est un texte extrêmement beau et extrêmement lumineux.

    On peut y lire notamment que la procréation (c'est-à-dire l'acte sexuel) et la création (c'est-à-dire l'ouverture au don de la vie) sont deux choses qui vont de paire et qui ne peuvent pas être dissociées.

    A partir de là, je me suis demandé pourquoi autant de catholiques, dans notre pays, semblaient aussi heureux qu'on leur parle de préservatif.

    Cela m'a paru totalement incohérent.

          

    Personnellement, les propos du Pape m'ont remis en tête un célèbre passage de l'Evangile : Marc 10, 2-8.

    Dans ce passage, des pharisiens s'avancent pour tendre un piège à Jésus en lui demandant s'il est permis ou non à un homme de répudier sa femme.

    Jésus leur demande : "Qu'est-ce que Moïse vous a prescrit ?"

    Ils lui répondent : "Moïse a permis d'écrire un certificat de répudiation et de renvoyer sa femme".

    Et c'est alors que Jésus leur dit ceci : "C'est à cause de la dureté de votre cœur qu'il a écrit pour vous ce commandement. Mais au commencement du monde, Dieu les fit mâle et femelle; et c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne seront plus deux, mais une seule chair".

      

    Je trouve que les propos du Pape sur le préservatif peuvent faire penser à l'épisode de Moïse et des certificats de répudiation.

    En effet, il est évident que le Saint Père n'a pas pris de plaisir à parler de prostitution, de Sida et de préservatif. Il n'a pas dit tout ce qu'il a dit "de gaîté de cœur".

    Simplement, comme Moïse à son époque, il constate lui aussi - et ceci avec sûrement beaucoup de tristesse - que le cœur de l'homme d'aujourd'hui est dur, que les gens ne veulent pas s'ouvrir à "Humanae Vitae" et qu'ils rejettent la chasteté.

    Il constate que les hommes de ce temps ne reconnaissent pas la grandeur des commandements de Dieu et qu'ils sont sourds à la Vérité. Ils ne comprennent que l'obstination et non pas l'abstinence.

    Oui, il y a toujours ce problème de la "dureté du cœur" dont parle Jésus.

       

    Alors, voyant cela, le Saint Père - exactement comme Moïse face à son peuple endurci - est amené à évoquer des solutions dont il préfèrerait peut-être ne pas avoir à parler.

    Il voudrait tellement que les comportements changent et que les gens se tournent vers Dieu !

        

    Mais ce qui est particulièrement révélateur de l'esprit de notre époque, dans tout cela, c'est que le fait qu'on nous parle de préservatif nous réjouit alors que cela devrait au contraire nous faire réfléchir et nous rendre plus humbles et plus obéissants (n'y a-t-il pas quelque chose de dégradant pour l'homme, en effet, à toujours vouloir ramener le grand et merveilleux mystère de l'amour à la seule question du préservatif ?).

    Comme l'a dit la voyante Marija à Medjugorje le 1er novembre 2010 : "Je crois que dans le monde d'aujourd'hui, ce qui nous manque le plus, c'est l'humilité et l'obéissance".