• POURQUOI LES EVEQUES DE FRANCE NE PARLENT-ILS PAS DE MEDJUGORJE ?

    INTRODUCTION

        

    En 2005, l'un de mes meilleurs amis est décédé. Retraité et membre de la communauté de l'Emmanuel depuis de très nombreuses années, il a eu des responsabilités au sein des AFC (Associations Familiales Catholiques). Il aimait énormément l'Eglise (il connaissait personnellement plusieurs évêques) et il croyait beaucoup à Medjugorje.

    Un jour, il m'a donné sa petite interprétation personnelle concernant le silence des évêques de France sur les événements de Medjugorje. Je vous la livre ici car elle est très intéressante :

     

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    LES EVEQUES DE FRANCE AUTREFOIS

       

    Cet ami a commencé par m'expliquer que quand il était jeune, on pouvait très facilement aller voir un évêque et lui poser toutes les questions que l'on voulait sur la vie de foi : les sacrements, le Credo, la position de l'Eglise sur telle ou telle question...

    L'évêque se faisait alors une joie de nous répondre sur tout. Il avait une opinion sur tous les sujets susceptibles d'intéresser un catholique et il était vraiment la référence pour le diocèse. Il incarnait, en quelque sorte, la pensée de l'Eglise dans son diocèse.

       

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    LES EVEQUES DE FRANCE AUJOURD'HUI 

       

    Peu à peu, la Conférence Episcopale des Evêques de France a pris une place très importante. Les évêques ont alors commencé à avoir de plus en plus de travail car des responsabilités nationales sont venues s'ajouter à leurs responsabilités diocésaines (commissions nationales pour la liturgie, pour l'accompagnement des personnes en deuil, pour l'accueil des migrants, pour la solidarité, pour la communication...).

      

    A partir du moment où les choses ont commencé à fonctionner ainsi, les évêques ont eu tendance à "se spécialiser" dans un domaine précis. Ils ont cessé d'apparaître, aux yeux de beaucoup, comme ceux qui avaient une vision "globale" de la foi. 

    Et c'est ainsi que lorsque l'on pose aujourd'hui une question à un évêque, il est très fréquent qu'il nous réponde la chose suivante : "Adressez-vous plutôt à l'évêque qui est responsable de la commission  concernée."

      

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    LE LIEN ENTRE UN EVEQUE ET LE PAPE

      

    Mon ami regrettait profondément que la Conférence Episcopale (dont le rôle est absolument nécessaire) apparaissent de plus en plus comme une sorte "d'instance intermédiaire" entre chaque évêque et le Pape.

    Pour lui, en effet, il devait y avoir un lien direct entre chaque évêque et le Saint Père. Il pensait qu'un évêque devait pouvoir aborder tous les sujets et être ainsi le trait d'union entre les fidèles et la pensée de l'Eglise "incarnée" par la personne du Pape.

        

    Selon lui, la Conférence Episcopale des évêques de France avait une place trop grande, et cela faisait aujourd'hui que chaque évêque ne s'occupait plus que d'une seule partie des choses (un peu comme les joueurs de football qui, avec le temps, se sont spécialisés dans un domaine précis : défenseurs, attaquants, ailiers, milieux de terrain...).

       

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    LES EVEQUES DE FRANCE ET MEDJUGORJE

        

    La conséquence de cela est que quand la question de Medjugorje s'est posée, les évêques de France ont demandé à l'un d'entre eux d'émettre une opinion sur cette affaire, et ceci au nom de tous les autres. Encore une fois, c'est là le fonctionnement actuel.

       

    L'évêque du Puy, auquel ils se sont adressés (et qui est par ailleurs un évêque très attentif et très paternel), a émis un jugement extrêmement réservé sur Medjugorje.

       

    Comme les évêques ont désormais l'habitude de fonctionner "ensemble" (plutôt que de manière plus "individuelle", comme cela était le cas auparavant), c'est très logiquement qu'ils ont pris l'avis de l'évêque du Puy comme une référence commune.

    Cela, nous pouvons le noter, est encore le cas aujourd'hui : si vous allez voir un évêque pour lui parler de Medjugorje, il y a de très grandes chances qu'il vous renvoie automatiquement à l'avis de l'évêque du Puy sans forcément vous dire ce qu'il en pense personnellement.

      

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    LE BLOCAGE ACTUEL

      

    Vu le fonctionnement actuel des choses, il est clair qu'il est très difficile pour un évêque français d'exprimer une opinion qui soit différente de l'opinion  "officielle" de la Conférence Episcopale car cela pourrait être interprété par ses confrères comme une entorse au principe de "solidarité" entre les évêques. Cela pourrait créer une "dissonance". C'est pourquoi très peu d'évêques s'expriment sur Medjugorje, dans notre pays. Certains craignent de se mettre les autres "à dos." 

               

    CONCLUSION

        

    Que les évêques soient unis et solidaires sur des points de foi (c'est-à-dire des points qui concernent le credo), c'est normal. C'est même tout à fait essentiel.

    Mon ami avait beaucoup de respect pour la Conférence Episcopale des évêques de France (simplement, il trouvait parfois qu'elle était trop complexe et trop pesante).  

    Mais sur certains sujets qui ne concernent pas des points de foi ou des dogmes, un tout petit peu de "souplesse" et de "diversité" dans les opinions ne seraient-elles pas souhaitables ? 

      

    Après tout, les partis politiques parviennent assez régulièrement à organiser des débats internes sur des sujets polémiques (le vote des étrangers, la parité hommes-femmes dans les élections...), et on n'a jamais entendu dire que ces débats avaient fait "imploser" ces partis !

    Non seulement ils ont survécus mais, en plus de cela, ils se sont enrichis !

    Alors, parfois, ne serait-il pas possible de faire la même chose dans l'Eglise, notamment quand il s'agit de sujets très importants comme les apparitions de Medjugorje ?

    Je ne fais que m'interroger à mon tour... 

        

    "Je vous salue Marie..."